Je n’vous écris pas de Grèce
Ni de Prague ni de Madrid
Je n’vous écris pas de Grèce
Ni de Prague ni de Madrid
Moi je vous écris de France
De l’hôpital de Villejuif
Ça va bientôt faire dix années
Qu’ on me cache dans un coin
Qu’ on vient me jeter la pâtée
Dans ma chambre chaque matin
Je ne sais pas ce que j’ai bien pu faire
Pour être mis à la fourrière
A la fourrière des humains
Qu’ est-ce que je fais en pyjama
A tourner entre ces murs blancs
Appeler qui, implorer quoi
D’ où je suis personne ne m’ entend
Toutes mes peines sont peines perdues
Je vis mais ça ne compte plus
Puisqu’ ils m’ont rayé des vivants
Je n’vous écris pas de Grèce
Ni de Prague ni de Madrid
Moi je vous écris de France
De l’hôpital de Villejuif
Ils peuvent me piquer la peau
Et me sangler à mon lit
J’entends toujours mille marteaux
Résonner dans mes insomnies
Je vois toujours des foules défouler
Des mains et des portes fermer
Je ne trouve plus la sortie
Contre quelle vie me suis-je battu
Pour qu’ on me cueille un matin
Des gens ont dit qu’ils m’avaient vu
Avec une arme dans la main
Les rêves à l’air et la tête en morceau
Ils m’ ont jetés dans ce ghetto
A Villejuif section Colin
Je n’vous écris pas de Grèce
Ni de Prague ni de Madrid
Moi je vous écris de France
De l’hôpital de Villejuif
J’ai pourtant dû être un enfant
Moi aussi j’ ai dû courir
Après des chiens, des cerf-volants
Si je pouvais y revenir
Mais je ne sais plus où dans quelle banlieue
J’ai semé les cailloux qui me
Ramènerait à ce jardin
Je n’vous écris pas de Grèce
Ni de Prague ni de Madrid
Moi je vous écris de France
De l’hôpital de Villejuif.
Le parolier,Sylvain Lebel, nous dit qu'il y a eu un malentendu à propos de cette chanson.
Elle pourrait laisser croire qu'on parle ici des cancereux de l'Institut de Villejuif, ce n'est pas le cas.
Elle pourrait laisser croire qu'on parle ici des cancereux de l'Institut de Villejuif, ce n'est pas le cas.
J'avais lu, dans la Presse, des lettres de condamnés de la section Colin de cet hôpital. C'était une sorte de fourrière où l'on enfermait des gens agités et violents.
À cette époque où l'on évoquait les dictatures en europe, j'ai eu envie de parler de l'indignité faites à des hommes en France.
